« En rejoignant le programme ‘Territoires Agricoles Engagés, nous travaillons notre attractivité agricole mais également l’attractivité globale du territoire »
Le 29 février dernier, lors du Salon International de l’Agriculture, le Pays Val de Loire Nivernais était officiellement désigné comme lauréat de l’Appel à Projets ‘Territoires Agricoles Engagés’. A l’occasion de cet entretien, Eric Guyot, son président nous en dit plus sur les objectifs du territoire et nous offre un éclairage nouveau sur ses attentes et les raisons qui l’ont poussé à rejoindre le dispositif initié par Geolink Expansion, Eloi et Fermes d’Avenir.
Avant de revenir sur les raisons qui vous ont amené à intégrer le programme ‘Territoires Agricoles Engagés’, pourriez-vous nous présenter le Pays Val de Loire Nivernais ?
Situé à l’ouest de la Bourgogne Franche-Comté, le Pays Val de Loire Nivernais s’étire le long de la Loire. Rassemblant 5 communautés de commune et l’agglomération de Nevers, il se caractérise par un paysage diversifié dominé par la polyculture et l’élevage bovin. Le territoire bénéficie d’une vaste étendue de terres agricoles fertiles, supportant une riche variété de productions incluant la céréaliculture et, dans une moindre mesure la viticulture, dans le nord du territoire. Quelque 1 050 exploitations – d’une superficie moyenne de 129 hectares – sont présentes au sein du Pays Val de Loire Nivernais pour une Surface agricole utile (SAU) estimée à environ 53% de la superficie totale du territoire. Pour être vraiment exhaustif, j’ajouterais que 23% des exploitations déclarent faire du circuit court et que 10% de la SAU est consacrée au bio.
Pouvez-vous nous détailler quelques-unes des spécificités du Pays Val de Loire Nivernais ?
Territoire rural par excellence, le Pays Val de Loire Nivernais fait face aujourd’hui à d’importants défis. Un agriculteur sur deux devrait cesser son activité dans les 10 ans or, ils sont seulement 6% à avoir déjà préparé cette dernière. A ce défi du renouvellement des générations s’ajoute la nécessité de diversification des cultures et l’indispensable adaptation au changement climatique. Notre engagement au sein du programme Territoires Agricoles Engagés symbolise notre volonté de faire de ces défis des opportunités, en favorisant une agriculture durable, innovante, et respectueuse de l’environnement.
Le Pays Val de Loire Nivernais se caractérise par un paysage diversifié, dominé par l’élevage bovin et la polyculture ©Pierre Demaillet
En se concentrant sur ces trois enjeux majeurs : renouvellement des générations agricoles, diversification des productions, adaptation aux nouveaux enjeux climatiques, pourriez-vous expliquer comment le programme Territoires Agricoles Engagés peut vous aider à les relever ?
En mettant à notre disposition de nouveaux outils et des méthodes innovantes, le programme ‘Territoires Agricoles Engagés’ va faciliter la transmission des exploitations à reprendre et, c’est l’objectif, contribuer significativement au renouvellement des générations agricoles. Par l’intermédiaire de la cartographie des terres et des fermes à transmettre, nous pourrons mieux identifier les opportunités pour les jeunes agriculteurs et profiter de données fiables, prélude à une véritable outil de pilotage pour simplifier le processus de reprise des exploitations et accélérer la diversification de notre agriculture vers le maraichage, l’arboriculture voire des cultures innovantes comme le Chanvre qui peut nous offrir de nouveaux débouchés : matériaux d’isolation… Enfin, pour répondre à la nouvelle donne climatique, l’agriculture de demain doit être plus résiliente et respectueuse de l’environnement que jamais. Le programme ‘Territoires Agricoles Engagés’ permettra de favoriser l’alignement des pratiques en vigueur avec cette nécessité en favorisant l’agroécologie, l’agroforesterie mais également en stimulant des pistes innovantes.
Vous évoquiez plus tôt la taille importante des exploitations présentes sur le territoire. N’est-ce pas un obstacle à la reprise par de jeunes porteurs de projets innovants ?
C’est une des problématiques spécifiques au territoire mais en nous donnant la possibilité de nous appuyer sur une cartographie précise des exploitations à reprendre sur le territoire, nous allons pouvoir élaborer de nouvelles solutions et travailler sur des solutions susceptibles de réduire la valeur de cessions souvent décourageantes pour de jeunes candidats à la reprise. On a également un enjeu de visibilité à l’échelle nationale pour mieux faire connaitre les offres du territoire à des acteurs, repreneurs et producteurs qui auront peut-être davantage de moyens. Le découpage de certaines grandes exploitations peut-être une solution pour rendre certains biens plus abordables et favoriser, de plus, notre volonté de diversifier les productions agricoles… sans dénaturer l’identité du territoire mais en se dotant de processus de production plus vertueux.
Le territoire compte quelque 1050 exploitations d’une superficie moyenne de 129 hectares ©Pierre Demaillet
Pouvez-vous nous en dire plus sur la vision du territoire en matière de transition écologique ?
Outre l’introduction et le déploiement de nouvelles pratiques, la transition écologique implique de moderniser nos équipements et installations pour limiter l’impact sur l’environnement, favoriser les circuits courts et, plus globalement, gérer plus efficacement les ressources. Par l’intermédiaire du programme ‘Territoires Agricoles Engagés’, nous avons l’ambition d’identifier et soutenir la mise en œuvre de solutions agroécologique avancées comme les systèmes d’irrigation à faible consommation d’eau, le semis direct sous couvert végétal ou encore l’agroforesterie qui combine culture, élevage et gestion durable des arbres et forêts. Au sein du territoire, il existe déjà de nombreux GIEE (Groupement d’intérêt économique et environnemental) qui participent à ce mouvement. On peut, par exemple, citer le GIEE Magellan qui s’est imposé comme un pionnier dans le domaine des semis sous couverts. ‘Territoires Agricoles Engagés’ doit nous permettre de structurer nos actions et renforcer notre écosystème agricole local afin de favoriser les partages d’expérience, les collaborations, l’apprentissage de nouvelles pratiques… Je me dois d’ailleurs de préciser que c’est en collaboration avec la Chambre d’agriculture locale que nous avons conjointement pris le parti d’intégrer le programme ‘Territoires Agricoles Engagés’. Nous sommes convaincus qu’il va contribuer à renforcer notre attractivité agricole et, par là même, participer à l’attractivité globale du Pays Val de Loire Nivernais.
Qu’entendez-vous par participer à l’attractivité du territoire ?
Rejoindre le programme ‘Territoires Agricoles Engagés’ est une étape de plus qui s’inscrit dans le prolongement de la stratégie mise en place par le Pays Val de Loire Nivernais. Dans la droite ligne des actions déjà développées dans le domaine de la santé et de l’alimentation, il s’intègre parfaitement à notre Projet Alimentaire Territorial (PAT) dont l’objectif est d’optimiser l’offre alimentaire locale tout en sensibilisant nos habitants à l’importance d’une alimentation saine pour leur santé. En parallèle, il participe également à notre travail sur la revitalisation des centres-bourgs et l’attractivité du territoire, notamment à travers la valorisation du territoire, de ses paysages et de son patrimoine rural.