Témoignages entrepreneurs et acteurs de la Santé – RDV#4
Avant le webinar de demain, nous avons souhaité, pour ce premier rendez-vous de la semaine, donner la parole aux chefs d’entreprise du secteur de la santé pour mieux faire ressortir leur constat sur la crise sanitaire que nous traversons actuellement et envisager avec eux l’avenir et les moyens à mettre en œuvre pour les accompagner dans leur développement.
De nouveaux modes de travail et une communication accrue
CEO de GoLiver Therapeutics, spin off de l’Inserm et de l’Université de Nantes, spécialisée dans le développement de médicaments de thérapie innovante, Tuan Huy Nguyen souligne l’impact de l’épidémie de coronavirus sur son entreprise : « Nous avons dû stopper brutalement notre activité. Si le télétravail nous a donné la possibilité d’effectuer quelques taches administratives et de la recherche bibliographique, il ne permet pas à une structure tel que la nôtre qui intervient dans le domaine de la R&D de poursuivre notre travail dans des conditions satisfaisantes ». A l’inverse, la plateforme de mise en relation entre patients et infirmiers libéraux Libheros n’a été que très peu impacté par cette mise en télétravail forcé. « Au contraire, elle a libéré les énergies et renforcé l’autonomie et la prise d’initiative de nos collaborateurs », souligne Florence Herry, présidente et fondatrice de Libheros. Au contact de plus de 12 000 infirmiers libéraux, la plateforme n’a pas noté de baisse sensible de son activité mais une substitution de certains soins à d’autres. « Du fait des reports d’un grand nombre d’interventions, nous avons assisté à une baisse des soins post-opératoires au profit des suivis de grossesse ou des prises de sang », explique Florence. Directeur Supply chain EMEA Diagnostic au sein du groupe Grifols, David Hernandez souligne également l’importance de la communication durant cette période : « Pour faire face à cette situation exceptionnelle, nous avons dû multiplier les contacts avec nos partenaires. D’un échange par mois, nous sommes passés à un échange par semaine et, quand c’était nécessaire, à un échange par jour ».
La vallée de la mort
Dans le cas de GoLiver Therapeutics, la situation est plus complexe à gérer : « Nous étions en contact avancée avec une entreprise pour lancer la production d’un premier lot pilote. Concrètement, si nous sommes en mesure de reprendre notre activité le 11 mai, nous aurons perdu trois mois », souligne Tuan Huy Nguyen qui précise également la difficulté pour un grand nombre de startups de passer de la phase conception à la phase production. « Même si de nombreuses aides existent, il est délicat pour beaucoup de chefs d’entreprise de transformer leur(s) innovation(s) en produits. Connu sous le nom de Vallée de la mort, cette étape qui sépare l’idée du produit fini est particulièrement complexe pour les laboratoires qui ne bénéficient pas toujours des ressources et du temps nécessaire à la recherche d’investisseurs ou d’un partenaire susceptible de les accompagner à cette étape de leur projet ».
Le covid19, accélérateur d’un mouvement de relocalisation ?
Le développement des circuits courts et le renforcement des écosystèmes locaux avec une mise en relation accrue des différents acteurs pourrait-elle inverser la donne ? Aucun doute pour David Hernandez qui précise « La crise sanitaire devrait contribuer à renforcer un mouvement de relocalisation qui était déjà à l’œuvre. L’augmentation du coût de la main d’oeuvre ( notamment en Asie), les délais de transport et l’impact carbone conjugués au développement des nouvelles technologies en Europe comme la robotisation, l’intelligence artificielle, l’impression 3D ont déjà amené de nombreux groupes à envisager la relocalisation d’une partie de leur production. Les difficultés mises en évidence ces derniers mois devraient agir comme un catalyseur et contribuer à accélérer ce mouvement ».
Des paradigmes qui changent
L’action des pouvoirs publics sera déterminante pour favoriser cette migration mais les territoires auront, bien évidemment, eux aussi un rôle à jouer. Florence Herry souligne, par exemple, le besoin de changer de paradigme : « la systématisation du télétravail m’aura clairement démontré qu’il m’était possible de travailler à distance avec des collaborateurs partout en France et, pas uniquement en région parisienne où est implanté mon siège social. Il appartient maintenant aux territoires de comprendre que recruter une personne qualifiée sur leur sol, sans lui imposer de le quitter, est un atout de poids puisque cette personne va non seulement répondre à des besoins locaux, continuer de consommer sur place et permettre auxdits territoires de conserver leur matière grise ».
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