Comment attirer des acteurs de l’alimentation saine et durable sur son territoire ?
Choisir de faire de l’enjeu alimentaire un des moteurs du développement de votre territoire est une chose ; y parvenir en est une autre. En s’appuyant sur le témoignage de la région Centre-Val de Loire, Geolink Expansion vous livre quelques pistes et vous aide à poser les bases de votre future feuille de route.
« La question n’est pas tant de faire de l’alimentation saine et durable un enjeu pour le territoire que de se doter des moyens d’attirer des porteurs de projets et des entrepreneurs susceptibles de lui permettre d’atteindre ses objectifs », explique Emmanuel Lionnais, responsable adjoint Pôle Attractivité & Animation Territoriale au sein de l’agence de développement économique de la région Centre-Val de Loire, Dev’Up. Concrètement la stratégie de la région repose sur trois objectifs interdépendants :
- l’amélioration de la qualité nutritionnelle du régime alimentaire,
- la réduction de l’empreinte écologique,
- la relocalisation partielle à l’échelle du territoire de l’activité économique afin de rendre le prix des denrées de qualité accessible à tous.
Une marque pour renforcer la visibilité
Afin de répondre aux défis de la crise sanitaire, la région Centre-Val de Loire a mis les bouchées doubles et s’est employée à accélérer le calendrier qu’elle s’était fixé en lançant notamment, fin 2020, la marque © du Centre pour contribuer au rayonnement de la région et valoriser la filière agroalimentaire et les produits locaux. « En plus de mettre en avant les transformateurs implantés sur le territoire et la qualité des produits qu’ils proposent, nous avions la volonté de soutenir également une agriculture plus verte qui s’attache à réduire la qualité des intrants (pesticides, eau…) », explique Emmanuel Lionnais qui revient également sur la volonté du territoire de se tourner davantage vers les protéines végétales : « Emmanuel Vasseneix, président du groupe LSDH a d’ailleurs annoncé, en février dernier, sa volonté de construire un site d’extraction végétale à Saint-Denis-de-l’Hôtel (45) afin d’élaboré ses propres jus de légumineuse (pois, soja…) et de céréales (avoine…) ». Estimé à 35 millions d’euros, le projet s’inscrit dans le plan de relance gouvernemental qui vise à accélérer le développement des protéines végétales dans l’Hexagone. « Il nous appartient au sein du territoire de faire en sorte d’accompagner les professionnels du secteur dans cette démarche souligne Emmanuel Lionnais qui ajoute Grâce au développement de nouvelles pistes d’approvisionnement, nous sommes également en mesure de renforcer notre sécurité alimentaire. A nous de faire en sorte que les structures présentes sur le territoire facilitent ce type d’investissements ».
© du Centre, une maque pour valoriser la filière et les produis locaux
Des lieux adaptés aux besoins des porteurs de projet
Cela passe notamment par la création de lieux appropriés comme, par exemple, l’Agreen Tech Valley. Dédié aux technologies numériques pour le végétal, le cluster a été imaginé pour valoriser le potentiel des technologies numériques dans la conduite des cultures et des productions végétales au service d’une culture résiliente, durable et de qualité. « Le succès du site confirme le changement radical qui s’est opéré dans le domaine de l’agriculture et de l’alimentation. Longtemps considéré comme une filière très traditionnelle, il est désormais un secteur de pointe », pointe Emmanuel Lionnais. Et pas uniquement d’un point de vue industriel. Il l’est également – et justement – parce qu’il concerne tous les maillons de la chaine de valeur : capteurs, collecte et traitement des datas, machine learning, objets connectés… Pas question pour autant de négliger le conseil et l’accompagnement des jeunes pousses et startups innovantes. « C’est cet esprit qui a animé le territoire au moment de lancer, dès 2010, le pôle agroalimentaire Food Val de Loire. Avec succès puisque depuis son lancement de très nombreuses entreprises ont pu bénéficier des conseils avisés de l’équipe en place », souligne Emmanuel. Une des grandes forces du pôle a également été de favoriser les partenariats entre les actuels et anciens porteurs de projet accueillis au sein du pôle.
Food Val de Loire accompagne les porteurs de projet et les jeunes pousses innovantes
La force de l’écosystème
Bien sûr pour attirer des acteurs du secteur, il est préférable de s’appuyer sur un écosystème solide et d’anticiper en proposant des lieux adaptés au profil des sociétés que l’on souhaite voir venir s’implanter, notamment dans le contexte de relocalisation de certaines activités. « Nous travaillons également sur une nouvelle proposition foncière adaptée aux problématiques des acteurs du secteur. Une certaine technicité est indispensable pour pouvoir proposer des terrains clefs en main à un secteur dont les besoins sont particulièrement spécifiques », souligne Emmanuel Lionnais. De la raréfaction des entrepôts réfrigérés à certains aspects notamment réglementaires (Normes ISO 22000 et HACCP…) , il est indispensable pour le territoire de proposer une offre immobilière pouvant répondre aux besoins des professionnels du secteur.
Partie intégrante de la force de l’écosystème, la collectivité et/ou son agence de développement économique doit également être en mesure de favoriser les partenariats entre les acteurs présents au sein du territoire. Ecoles, pôle d’innovation ou de compétitivité, startups, grands groupes, agriculteur… chacun est susceptible de répondre aux problématiques d’un autre en offrant un terrain d’expérimentation, une solution innovante ou encore, tout simplement, une main d’œuvre qualifiée. Cette collaboration va contribuer à créer une identité propre au territoire et permettra de façon significative d’attirer de nouveaux porteurs de projet qui enrichiront le projet territorial.