En attirant des projets à impact, nous préparons l’industrie du futur en Bourgogne-Franche-Comté
© Région Bourgogne-Franche-Comté / Emmanuelle Baills
Respectivement Coordinateurs ‘Prospection nationale et internationale’ et ‘Transition écologique’ pour l’agence de développement économique régionale Bourgogne-Franche-Comté, Hatim Chamchi et Bénédicte Dolidzé détaillent la stratégie mise en place par le territoire pour attirer des industries durables et à impact.
Qu’est ce que, pour la région Bourgogne Franche Comté, une entreprise à impact ?
Hatim Chamchi : C’est une entreprise qui – de par son activité – va avoir un impact positif sur le territoire. Sans parler de ligne rouge, nous sommes particulièrement vigilant quant au choix des entreprises et des industries qui souhaitent s’implanter sur le territoire. Elles doivent s’inscrire dans le prolongement de la feuille de route territoriale et participer notamment aux enjeux de transition écologique chers à la région Bourgogne-Franche-Comté.
Bénédicte Dolidzé : Nous avons d’ailleurs développé une méthode de scoring qui, à court, moyen et long termes, nous permet, de façon objective, d’estimer l’impact d’une entreprise industrielle sur le territoire. Cette méthode d’évaluation de l’impact dépasse d’ailleurs largement le simple prisme de l’industrie.
Quand et pourquoi la région Bourgogne-Franche-Comté s’est-elle emparée du sujet de l’impact ?
H.C : Dès les années 90, la région a souhaité s’engager dans une démarche visant à privilégier des achats plus responsables. Une démarche qui n’a eu de cesse d’amplifier et qui prend d’autant plus de sens aujourd’hui avec la raréfaction des réserves foncières et l’impérieuse nécessité de limiter la consommation de ‘terrains greenfield. Si la création d’emplois demeure incontournable, d’autres aspects sont désormais pris en jeu comme le cycle de vie du produit, la consommation énergétique liée à son élaboration, le recours aux circuits courts et à des modes de déplacement qui favorisent une mobilité durable…
B.D : Un travail est d’ailleurs mené au sein de la collectivité pour bâtir un scoring RSE qui permette d’embrasser le projet dans sa globalité. Reste qu’attirer des industries durables – et cela vaut aussi pour d’autres activités – résulte également d’une volonté politique et d’un véritable engagement de la collectivité.
Pouvez-vous nous en dire plus sur cet engagement du territoire en faveur d’une industrie durable ?
H.C : Première région industrielle de France, la Bourgogne-Franche Comté ne pouvait que s’inscrire dans une stratégie qui vise à répondre aux défis du futur. En collaboration avec l’ADEME, nous avons mis en place des actions qui visent à assurer la transition écologique et énergétique du territoire mais nous avons également entrepris un travail de fond – via le concours des clubs entreprises, clusters, organisations professionnelles… – pour associer à la démarche les industriels locaux. Une dynamique que nous entretenons au sein de l’agence afin de faciliter les mises en relation propices à des actions concertées et partagées par l’ensemble des acteurs du territoire.
L’implantation de Vicky Foods contribue à créer de l’emploi tout en favorisant les circuits courts
Pour quels résultats ?
H.C : Symbolique du travail de fond mené par le territoire, nous ne pouvons manquer d’évoquer l’implantation du groupe espagnol Vicky Food, spécialisée dans la production de pains de mie et de viennoiserie. Une arrivée sur un site industriel ‘clés en main’ qui va avoir de nombreuses retombées positives sur le territoire avec la création de 80 emplois dès l’ouverture – et 250 à terme – mais qui va aussi permettre de favoriser les circuits courts avec, par exemple, l’approvisionnement auprès des producteurs locaux (farine…) et ainsi réduire l’empreinte environnementale de son activité. Une arrivée facilitée par la région via le dispositif d’aide du PAIR « Fonds de Relocalisation et de transition vers une économie décarbonée » qui a permis de dégager 1 400 000 €.
B.D : Dans le même d’ordre d’idée, le succès d’Obione – spécialiste de la nutrition, du conseil et de la formation pour le bien-être animal – est un autre exemple de la capacité du territoire à accueillir et favoriser l’éclosion d’entreprises à impact.
Que vous apporte Geolink Expansion sur le sujet de l’impact et de l’industrie durable ?
H.C : Avec une soixantaine de projets qualifiés transmis en 2022, il va sans dire que Geolink Expansion est un précieux allié pour détecter et capter des entreprises en croissance qui s’inscrivent dans la feuille de route de la collectivité. Bien plus que cet aspect prospection, notre collaboration avec les spécialistes de Geolink Expansion nous permet de dialoguer et d’échanger des points de vue avec un acteur crédible qui bénéficie d’une réelle visibilité sur les tendances du marché notamment industriel. Un plus pour séduire une nouvelle typologie d’investisseurs, faire émerger de potentielles opportunités, réaménager des fonciers ou des sites en collaboration avec les acteurs locaux ou encore valoriser des sites via ses plateformes digitales immo-HUB et Invest-HUB, dédiée plus spécifiquement aux investisseurs étrangers.
En savoir plus,
Le Pavé s'implante en Bourgogne-Franche-Comté
Spécialisé dans le recyclage des déchets plastiques, le Pavé a choisi la région Bourgogne-Franche-Comté pour lancer sa première unité de production. Pour Marius Hamelot, PDG et fondateur du Pavé : « Le choix d’implanter une première usine en Bourgogne-Franche-Comté a été finalement assez naturel. Non seulement, nous partagions une vision commune avec le territoire notamment en matière d’éco-construction mais cela garantissait également au Pavé de profiter d’un écosystème industriel quasi unique en Europe et, dès lors, de bénéficier d’une matière première abondante à proximité directe de groupes comme Paprec ou Veolia ». Car, rappelons-le, le fonds de commerce du Pavé, ce sont les déchets plastiques. Apôtre des circuits courts, l’entreprise a la volonté de répondre aux enjeux de la transition écologique en développant de nouvelles solutions modulaires et résilientes adaptées aux défis contemporains qui nécessitent d’optimiser le modèle économique. Un message parfaitement entendu par la région Bourgogne Franche-Comté. « Qu’on évoque la ville, de la communauté de communes ou de la région, nous avons vraiment eu le sentiment de parler le même langage et de poser les bases qui nous permettront de coconstruire ensemble le projet », explique Marius Hamelot. Souhaitant disposer d’ici 2030 d’une unité de production dans chaque région, il souligne les éléments qui permettront aux territoires de faire la différence : « Comme en Bourgogne Franche Comté, nos principaux critères de sélection sont, bien sûr, la disponibilité du foncier, l’accessibilité mais aussi, directement en lien avec le territoire, les besoins locaux en matière de gestion des déchets ». Au sein d’un bâtiment déjà existant de 2 600 m², la nouvelle unité de production sera en capacité, dès son ouverture en septembre 2023, traiter jusqu’à 1000 T de déchets plastiques.