A partir de l’EIT, les collectivités créent de la valeur et de l’emploi sur leur territoire
Co-fondateur de Ty Waste, la plateforme de l’économie circulaire pour les professionnels et les collectivités, Aurélien Abel revient, en amont du webinar du 28 septembre consacré à la réindustrialisation des territoires, sur l’impact de l’Ecologie industrielle et territoriale et sa capacité à faire émerger de nouvelles synergies sur les territoires.
Quelle est l’activité de Ty Waste ?
Si je devais m’adresser à un entrepreneur, je lui dirais que l’objectif de Ty Waste est de transformer le gaspillage en ressources puis en emploi afin de lui donner un maximum de valeur. Par exemple, les déchets qui sont mis en benne ou traités sont un coût pour l’entrepreneur. Or rien ne dit que l’entreprise voisine n’en a pas besoin en tant que matières premières pour développer son activité. La palette est un exemple typique puisque de nombreuses entreprises payent via la facture DIB leur dépôt dans la benne alors que, parfois, leur voisin paye également pour profiter de cette matière première. Un double gaspillage que nous nous efforçons chez Ty Waste d’éviter.
Je crois savoir que Ty Waste travaille également avec de nombreux territoires ?
Ty Waste collabore actuellement avec une quinzaine de collectivités. Notre objectif est de les accompagner afin qu’ils réussissent à transformer leur organisation au profit d’une économie (plus) circulaire. Pour faire une analogie avec l’univers du BTP, les collectivités font office de maitre d’ouvrage et Ty Waste de maitre d’œuvre avec l’ambition de révéler aux entreprises locales les potentielles synergies et cercles vertueux à mettre en place.
Ty Waste favorise l’intégration des acteurs économiques locaux dans une dynamique circulaire ©Ty Waste
Comment procédez-vous ?
Nos interventions sont bien évidemment adaptées aux spécificités et aux besoins des collectivités avec lesquels nous travaillons même si notre modus operandi reste relativement similaire. Très concrètement, ces dernières passent nécessairement par une série d’ateliers où nous réunissions entre 15 et 25 chefs d’entreprise. Véritable ‘Bourse des ressources, ils donnent la possibilité aux entrepreneurs de mettre en avant les ressources sous valorisées qu’ils produisent. Spontanément, on pense aux déchets mais ces dernières peuvent également une zone de stockage pas ou partiellement utilisée ou concerner un circuit de livraison non optimisée avec, par exemple, un camion qui revient à vide. Une fois cette étape effectuée et un certain nombre de thématiques définies ensemble, les entrepreneurs peuvent s’exprimer sur leurs besoins, leur demande : espace de bureaux, pénurie ou coût de matières premières, transports, recrutement… Généralement, c’est là que la magie opère et que les entreprises se mettent à discuter entre elles pour imaginer les moyens d’utiliser les ressources disponibles et non exploitées afin de répondre aux besoins exprimés. A nous ensuite d’assurer le suivi pour éviter que le soufflé ne retombe…
Le secteur de l’industrie semble particulièrement propice à ce type de réflexion ?
Chez Ty Waste, nous sommes avant tout créateur de synergies et, c’est le constat que nous dressons, une synergie a toujours un impact positif. Dans le cas de l’industrie, c’est tout particulièrement vrai. Tout d’abord, il y a un impact sur le coût puisque les déchets qui n’ont pas été jetés n’ont pas dû être traités mais l’impact est également écologique puisque, sans traitement, il n’y a pas eu d’émissions de gaz à effet de serre. Le déchet de l’un devient la ressource de l’autre. Un atout également pour le territoire puisque si l’entreprise n’a pas dû s’acquitter d’une facture pour le traitement, la collectivité territoriale s’épargne un coût de valorisation des déchets non négligeable tout particulièrement dans le secteur industriel.
Des rendez-vous pour pour imaginer les moyens d’utiliser les ressources disponibles et non exploitées ®Ty Waste
Finalement, Ty Waste est un peu au croisement des enjeux de développement économique et de gestion des déchets ?
Tout à fait mais on pourrait l’étendre à bien d’autres domaines. La mobilité, avec le développement autour des sujets de covoiturage, par exemple, ou la communication qui va relayer et valoriser le travail de la collectivité et contribuer à promouvoir ce cercle vertueux. Bref, un sujet transverse qui doit naturellement s’intégrer dans un plan comme le Plan Climat-Air-Energie territorial (PCAET) par exemple. En fait, travailler sur l’Ecologie industrielle et territoriale (EIT) doit emmener et initier et encourager d’autres initiatives qui vont être porteuses de synergies sur l’ensemble des chantiers et des objectifs définis par le territoire. Au risque d’être un peu caricatural, je dirais que l’EIT, c’est passer d’une problématique qui coûte de l’argent à tout le monde à de la création d’emplois. Dernier exemple en date, la valorisation de la drêche. Issu du malt fermenté des brasseries de bière, ce produit peut être utilisé pour faire de la farine humaine qui servira comme chez Ramen tes drêches à faire des nouilles ou, comme en Bretagne, avec la société Aire Drêche, des biscuits apéritifs. La conclusion de tout ça, c’est qu’on peut créer des entreprises en utilisant ce qui n’était à la base qu’un déchet. Bref, à partir de ce qui était un problème, on parvient à créer de la valeur et de l’emploi.