L’industrie aéronautique – moteur de la croissance en France
Le Salon International de l’Aéronautique et de l’Espace SIAE (appelé également “Paris Air Show”) qui a lieu au Bourget tous les deux ans (cette année du 17 au 23 juin 2019) est toujours une bonne occasion de connaître les dernières tendances dans l’industrie aéronautique, en France et en Europe, et les perspectives pour les territoires français. Notre prospecteur Anton Frenzel les a résumées pour vous.
Bonne conjoncture, investissements, innovations
Généralement, le secteur de l’aéronautique se trouve dans une bonne conjoncture. Les experts du trafic aérien estiment que le nombre de passagers aériens dans le monde pourrait doubler d’ici 20 ans. Ce n’est donc pas étonnant si les entreprises du secteur et les investisseurs sont très optimistes.
Mais du moment où il faut prendre des décisions d’investissement, on doit aussi affronter les défis auxquels est exposé l’industrie aéronautique d’aujourd’hui.
Il ne suffit plus de simplement élargir les capacités de production existantes. Le secteur aéronautique a, lui aussi, besoin de s’approprier la transformation numérique de l’industrie pour améliorer la productivité. Pour cela il est indispensable que même les PME se familiarisent avec la réalité augmentée, l’internet des objets, les systèmes d’information intégrés sur le cycle de vie du produit, l’analyse de mégadonnées et la fabrication additive (= impression 3D).
Un bon exemple est la nécessité d’économiser du carburant. Une approche consiste à développer des moteurs plus performants, une autre à stabiliser l’avion en cas de turbulences pour permettre de les traverser au lieu de les contourner. Mais on pourrait aussi citer la volonté de réduire l’impact de l’aviation sur l’écologie et le climat. Sur le SIAE du Bourget de nouveaux moteurs à biocarburants ont été présentés. Pour l’aviation générale, des avions entièrement électriques ou hybrides sont en cours de développement.
Dans le secteur aéronautique, la révolution numérique inclut bien-sûr le pilotage à distance. Le potentiel commercial et scientifique des drones (appelés UAS Unmanned Aircraft System ou RPAS Remotely Piloted Aircraft System) est incontesté. Leurs fabricants s’appuient de plus en plus sur des appareils qui peuvent aussi accueillir un pilote humain (on les appelle OPV Optionally Piloted Vehicle), ce qui permet de rendre la phase de développement plus efficace.
Effets positifs de l’aviation légère et militaire
Les nouveaux types de motorisation pour les petits avions et les nouvelles possibilités de pilotage à distance (drones) ont créé une dynamique extraordinaire dans l’aviation légère qui contribue également à la bonne conjoncture du secteur. Les innovations viennent souvent de la part de Start-Ups (environ 150 sur le SIAE de cette année) en quête de faire connaître leur idées et leur technologies et de se développer seules ou en collaboration avec les principaux acteurs du secteur. Certains territoires soutiennent leurs levées de fonds ou sont même prêts à investir.
Une tendance à ne pas omettre est l’essor de l’aviation militaire. Les dépenses mondiales n’arrêtent pas d’augmenter, notamment parce que les alliances militaires existantes sont bouleversées par les développements politiques actuels. Dans ce contexte, la Ministre des Armées française et ses homologues allemand et espagnol, ont signé sur le SIAE du Bourget un engagement pour la construction d’un nouveau système complet d’avions de combat et de drones, qui devrait entrer dans les forces armées d’ici à 2040.
Défis pour le marché de l’emploi
Portée par la conjoncture favorable, de bonnes perspectives d’activités et l’obligation d’innover, le secteur de l’aéronautique a besoin de renouveler et d’augmenter les compétences humaines. La profession a fortement augmenté ses embauches l’année dernière (15 000 recrutements en 2018). Pour 2019, ce cycle d’embauches (de l’ordre de 15 000), devrait perdurer et continuer à créer des emplois en France (source : Dossier Presse du SIAE Le Bourget, page 20).
Mais ces taux de recrutement élevés peuvent également susciter des tensions sur le marché de l’emploi. Dans certains territoires, les PME et équipementiers ont du mal à recruter de la main d’œuvre qualifiée, comme les compagnons et techniciens d’ateliers en production et maintenance. Cette situation s’aggrave encore avec l’arrivée de sous-traitants étrangers qui souhaitent rapprocher leur production près des gros acteurs industriels pour être plus compétitifs.
Dans ces régions, le développement économique doit mettre en œuvre une collaboration renforcée du système de formation avec la profession, afin que l’offre de profils qualifiés soit adaptée aux besoins croissants en qualifications de la filière aéronautique. La présence d’une main d’œuvre qualifiée sera déterminante pour l’implantation de nouvelles sociétés.
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