L’industriel qui choisit de s’implanter dans les Hauts-de-France bénéficie d’une garantie « pièces et main d’œuvre » à vie !

Dans un contexte de raréfaction du foncier et de concurrence internationale exacerbée, il devient de plus en plus complexe d’attirer des acteurs de l’industrie durable dans le territoire. Promue première région industrielle de France, les Hauts-de-France font figure d’exemple à suivre. Yann Pitollet, directeur général de Nord France Invest, l’agence de promotion économique régionale nous livre son analyse et détaille quelques-unes des actions mises en place au sein du territoire.

En mars dernier, Libération titrait « Réindustrialisation : les usines retrouvent le Nord ». Un an plus tard, la tendance est confirmée. Quelles sont les clés de ce succès et comment la région Hauts-de-France s’y prend pour attirer des industries durables sur son territoire ?

Nous sommes morts de faim. Au risque de paraphraser Xavier Bertrand, président de la région, interrogé le mois dernier dans la presse sur la thématique de l’emploi et du développement économique, cette formule symbolise parfaitement la mentalité qui prévaut dans la région Hauts-de-France sur le sujet de la réindustrialisation. Elle témoigne également – et c’est primordial – de l’engagement politique du territoire en la matière. Un engagement qui se retrouve concrètement au niveau de notre organisation, de nos outils et, bien sûr, de notre agence de promotion économique, Nord France Invest.

Très concrètement, comment cet engagement se manifeste sur le terrain ?

Notre souhait est de participer et de favoriser la transformation économique du territoire. C’est toute l’ambition du projet Rev3, pour 3e révolution industrielle. Elaborée avec l’économiste Jérémy Rifkin, cette véritable feuille de route territoriale vise à bâtir une économie à faible émission de carbone, basée sur une production d’énergie décentralisée et gérée par des réseaux intelligents. Elle est une boussole pour toutes les composantes du territoire – pouvoirs publics, entreprises, universités, chercheurs, habitants… – qui sont réunies autour d’une ambition partagée : faire des Hauts-de-France, une des régions européennes les plus avancées en matière de transition énergétique et de technologies numériques. Aujourd’hui, ce sont déjà plus de 2 000 projets qui ont été accompagnés par le biais du plan Rev3.

Le projet Rev3 est au cœur de la feuille de route territoriale des Hauts-de-France

Comment procédez-vous pour attirer des industries à impact sur le territoire ?

En lien direct avec le schéma régional de développement économique, le cadre proposé aux industriels repose sur 4 piliers, les 4 F : Foncier, Formalités, Financement et Formation. En ce qui concerne le foncier, il semble évident – et la loi ZAN n’a fait que le confirmer – qu’il y aura de moins en moins d’opportunités Green Field pour les entrepreneurs et les acteurs industriels en développement à la recherche d’un site où implanter leur site de production. Dans les Hauts-de-France, nous avons donc par exemple entrepris de transformer des terrains non agricoles stratégiques pour en faire des fonciers à vocation économique. C’est, par exemple, le cas d’E-valley, où une ancienne base militaire, s’est muée en ce qui sera bientôt le plus grand parc logistique d’Europe avec 550 000 m² d’entrepôts, 85 000 m² de zone de service et près de 300 000 m² de réserves foncières. Le 2e F – pour Formalités – illustre la volonté de la région de simplifier et réduire un certain nombre de contraintes pour faciliter et accélérer l’implantation des entreprises et des industries durables. Elaboré par le territoire pour les investisseurs étrangers, le Contrat d’implantation est une des nombreuses innovations mises en place par la région. Il repose sur un engagement réciproque :  les pouvoirs publics s’engagent à faciliter les démarches, les aides, les recrutements pendant que l’entreprise apporte ses propres garanties : emplois créés ou préservés, formation…

Quid du financement et de la formation ?   

La région Hauts-de-France est mobilisée pour former les jeunes et les salariés à de nouveaux métiers notamment dans l’industrie. Le travail mené par les Hauts-de-France sur la Vallée de la Batterie est particulièrement révélateur. La région accueille les quatre premières gigafactories françaises de fabrication de batteries et de leurs composants : ACC à Douvrin, AESC Envision à Douai, Verkor et Prologium à Dunkerque pour près de 10 000 emplois directs sans compter les fournisseurs qui arrivent. Afin d’accompagner le développement de la filière, sans perturber l’activité des entreprises déjà présentes, la région a mis en place des sessions de formation destinées notamment aux demandeurs d’emploi avec l’objectif de répondre aux besoins des industriels mais également former la main d’œuvre nécessaire au développement des nouvelles activités qui vont éclore avec le développement de la filière. Lauréat de l’Appel à Manifestation d’Intérêt Compétences et Métiers d’Avenir de « France 2030 », le projet Electro Mob – soutenu et porté par la région – est le dernier exemple de cette démarche qui vise – dans la droite ligne de la stratégie Rev3 – à soutenir les acteurs de la filière automobile.  Une démarche en phase avec les dispositifs d’aide mis en place par le territoire notamment pour les professionnels de l’industrie durable et qui peuvent prendre la forme de subventions, d’exonérations fiscales, de prêts bonifiés ou, plus spécifique à la région, de prises de participation en haut de bilan.

Avec l’arrivée de Prologium, ce sont près de 10 000 emplois directs qui vont être créés dans la Vallée de la Batterie

De quoi accompagner l’émergence et le développement des porteurs de projets innovants sur le territoire ?

Nous avons développé toute une gamme d’outils spécifiques pour les startups. Le succès d’Exotech – qui propose des solutions innovantes pour le e-commerce à travers le monde et qui a réalisé l’an dernier une levée de fonds de plus de 300 millions d’euros – est une belle illustration de la force de l’écosystème industriel et logistique de la collectivité. Saviez-vous, par exemple, que 10% des ingénieurs français sont formés dans les écoles du territoire ? Véritable hub logistique européen, les Hauts-de-France sont au centre des flux de transport grâce à une position géographique stratégique et d’excellentes infrastructures. Rassemblés au sein du pôle d’excellence Euralogistic, les entreprises du secteur développent, sous l’impulsion de la région, des synergies très fortes avec le monde de l’innovation et de la formation pour rester à la pointe de la compétitivité.

La capacité du territoire à développer des écosystèmes qui englobent l’ensemble de la chaine de valeur est d’ailleurs une caractéristique des Hauts-de-France…

L’exemple du travail mené sur la Vallée de la batterie illustre à merveille cette stratégie. Au-delà des gigafactories qui ont choisi les Hauts-de-France pour s’implanter, le territoire met en place les conditions idéales pour attirer des sociétés qui travaillent dans le domaine du recyclage ou qui fabrique des bacs batterie ou encore des matériaux entrant dans la fabrication des batteries. Annoncée le mois dernier, l’implantation à Dunkerque, d’une Joint-Venture entre ORANO et le chinois XTC va ainsi donner naissance une usine de production de cathodes. Cet investissement s’inscrit pleinement dans la stratégie de l’Etat et de la Région qui vise à créer un écosystème complet de la production de batteries, des matériaux de base aux gigafactories. Nous disposons également d’écosystèmes très puissants dans bien d’autres secteurs : l’agroalimentaire, les nouvelles énergies, la logistique, la tech, la santé-nutrition, la bio économie, l’économie circulaire, le ferroviaire, la relation client, etc.

Revenons-en aux ingrédients qui permettent aux Hauts-de-France de se distinguer notamment si on raisonne en termes d’accélérateur de croissance pour les industries.

Le chef d’entreprise qui choisit de s’implanter dans les Hauts-de-France bénéficie d’une garantie à vie « pièces et main d’œuvre ». Une fois l’entreprise installée, nous continuons de la suivre, à rencontrer ses dirigeants en région et si besoin au siège, à animer les réseaux professionnels. Une proximité qui nous permet d’être parmi les premiers informés lorsqu’un besoin se fait sentir… ou qu’un projet d’extension est envisagé. A nous ensuite d’être réactif et de tout mettre en œuvre – notamment grâce à la qualité de notre réseau – avec les services de la Région, de l’Etat, les EPCI, les agences de développement infra régionales, les CCI, les pôles d’excellence, les aménageurs et bien sûr Business France – pour répondre aux besoins exprimés par les entreprises.

Proposer un suivi qui dépasse largement le cadre de l’implantation

Plus globalement, quel regard portez-vous sur la volonté de L’Etat de réindustrialiser le pays ?

La volonté des Etats-Unis de se réindustrialiser expose la France et l’Union européenne a une nouvelle menace. Le combat n’est cependant pas perdu… mais impose d’être malin et toujours plus réactif ! La France a le potentiel de se réindustrialiser. Mais il nous faut retourner la table et travailler sur un véritable plan d’aménagement dans un cadre de sobriété foncière. Les sites industriels clés en main sont une première étape mais il faut aller plus loin en créant pourquoi pas des zones spécifiques dédiées aux industries décarbonées de demain et en facilitant les conditions d’accès aux investisseurs via des procédures certes cadrées mais bien plus simplifiées qu’aujourd’hui et plus en phase avec les attentes des industriels.

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